François Duconseille, né à Evreux, (France), est plasticien et scénographe. Il ancre sa pratique dans la réalité quotidienne dont les objets et les situations sont les matrices de ses productions, ces dernières circulant entre trivialité et décadrages poétiques. Depuis 2018, l’emballage carton et ses métamorphoses sont devenus la question centrale de ses recherches : BAC JAUNE #1 CLOUD, Espace Apollonia – Strasbourg (2021), BAC JAUNE #2 TOTEM, Markthalle, Bâle (2023), BAC JAUNE #3 CORRIDOR, Strasbourg (mars 2025), BAC JAUNE #4 YAKA, Strasbourg (maI 2025)
Il intègre en 1994 l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (devenue la HEAR en 2010) pour y créer avec Jean-Christophe Lanquetin l’atelier de scénographie. De 2004 à 2010, il participe activement à la création et la structuration du partenariat entre la HEAR et l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa (workshop, coordination, exposition…), et mène avec Jean-Christophe Lanquetin le projet de recherche Play>Urban depuis 2010.
Il est cofondateur avec Jean-Christophe Lanquetin des résidences des Scénos Urbaines.
François Duconseille, born in Evreux, France, is a visual artist and scenographer. His practice is rooted in everyday reality, with objects and situations serving as the basis for his work, which oscillates between triviality and poetic shifts in perspective. Since 2018, cardboard packaging and its metamorphoses have become the central focus of his research: BAC JAUNE #1 CLOUD, Espace Apollonia - Strasbourg (2021), BAC JAUNE #2 TOTEM, Markthalle, Basel (2023), BAC JAUNE #3 CORRIDOR, Strasbourg (March 2025), BAC JAUNE #4 YAKA, Strasbourg (May 2025)
In 1994, he joined the Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (which became HEAR in 2010) to create the scenography workshop with Jean-Christophe Lanquetin. From 2004 to 2010, he actively participated in the creation and structuring of the partnership between HEAR and the Académie des Beaux-Arts de Kinshasa (workshop, coordination, exhibition, etc.), and has been leading the Play>Urban research project with Jean-Christophe Lanquetin since 2010.
He is co-founder with Jean-Christophe Lanquetin of the Scénos Urbaines residencies.

Photographie et emballage de chaussure de sport
En documentant l’usage des emballages en carton par les personnes à la rue, François Duconseille croise le long d’un grand magasin de la rue de Rivoli un homme épuisé tenant dans ses bras une boîte à chaussures de sport dépliée. Cette rencontre tragique entre performance et relégation dont est victime cette personne ramène l’artiste à une série ancienne de figures totémiques produites par des emballages de chaussures de sport fixés sous cadre. La photographie et l’objet sont alors mis en relation à travers un faisceau de connexions imaginaires.
While documenting the use of cardboard packaging by homeless people, François Duconseille came across an exhausted man outside a department store on Rue de Rivoli, holding an unfolded sports shoe box in his arms. This tragic encounter between performance and relegation, of which this person is a victim, brings the artist back to an older series of totemic figures produced from sports shoe packaging fixed in frames. The photograph and the object are then linked through a series of imaginary connections.

Photographie et écriture sur emballage carton
Un matin très tôt poursuivant ses recherches sur l’usage des emballages carton par les personnes à la rue, à l’heure du grand nettoyage urbain un message de détresse enfoui dans un tas de déchets attire son regard. Le téléphone saisit la scène, la main extrait l’objet témoin d’un possible naufrage.
Early one morning, while continuing his research on the use of cardboard packaging by homeless people, at the time of the big urban clean-up, a message of distress buried in a pile of rubbish catches his eye. The phone captures the scene, the hand extracts the object, witness to a possible shipwreck.
LE JOURNAL
Tenir le journal de la résidence, publier au jour le jour l’évolution du projet
























DES BOÎTES
Décembre 2020
(…) Par ailleurs durant ce séjour des premières pistes de projets personnels sont apparues, portées par les rêveries, les promenades réelles ou sur internet. Marie attire mon attention lors de la visite à la Vigie sur l’organisation formelle-informelle des boîtes aux lettres, les mêmes qu’en métropole, normalisées, répétitives, leur présence nous rappelle que nous sommes bien sur un bout de France. Elles marquent une appartenance administrative, nomment le rattachement, elles parlent aussi du voyage, du départ de certains pour de lointaines destinations, y construire une vie que certains peinent à réussir ici où les choses peuvent sembler arrêtées. Ces boîtes on à voir avec ce qui est au-delà des mers, elles deviennent nichoirs à oiseaux migrateurs colonisant un vieil arbre mort, ou agencées en grappe au sommet d’un mat planté au sommet de la Vigie tel un sémaphore appelant les nouvelles, pourvu qu’elles soient bonnes…

Les boîtes aux lettres souffrent à la Vigie, quasi seules représentantes d’une République française dans le quartier mise à part la présence régulière de la PAF, elles sont la cible de la colère juvénile. Les carcasses souffrent, se déglinguent, les portes sont la plupart arrachées, sans noms sont-elles encore en activité? il faudrait interroger le facteur. Une habitante m’explique alors que je photographie sa boîte éventrée que c’est la cinquième qu’elle achète au prix de 45€ pièce, elle préférerait que le facteur glisse le courrier sous son portail de tôle, idéal sauf en saison humide…
The mailboxes at La Vigie are suffering. Almost the only representatives of a French Republic in the neighborhood, apart from the regular presence of the PAF, they are the target of juvenile anger. The carcasses are suffering, falling into disrepair, most of the doors have been ripped off, but are they still in business? you'd have to ask the letter carrier. One resident explains to me, as I photograph her gutted box, that it's the fifth one she's bought for 45€ each. She'd prefer the letter carrier to slide the mail under her tin gate, which is ideal except in the wet season...






DES MOTS SUR TÔLES ET BÉTON
Rien d’étonnant, rien de surprenant en un quartier où les jeunes gens ont le sentiment de ne pas exister que de laisser son nom-pseudo comme on peut sur les parois qui quadrillent l’espace de la Vigie. L’usage de la bombe de peinture y est minoritaire, les mots sont souvent peints au pinceau ou un outil qui lui ressemble… expression brute d’un besoin impérieux d’identité.
In a neighborhood where young people feel they don't exist, it's not surprising to leave your name or pseudonym on the walls of the Vigie. Spray paint is rarely used here, and words are often painted with a brush or similar tool... a raw expression of a compelling need for identity.

































TOMBES
Retour au cimetière catholique sur la route côtière entre Pamandzi et Dzaoudzi, c’est ici qu’en septembre 2021 je photographiais une tombe entourée de parpaings, photo publié dans la revue Play>Urban-Mayotte ainsi que sur mon Instagram . Sur place je ne retrouve pas cette tombe, il y a par contre d’autres tombes en parpaings, mais celle que je cherche est introuvable. Je photographie longuement ce lieu fascinant. C’est seulement au retour qu’en revoyant l’image de 2021 je réussis à identifier la tombe qui entre temps a été achevée. Devenue identique à celle de cette parcelle, je n’arrivais pas sur place à la distinguer, la voici blanchie et dotée d’une croix catholique.
Back to the Catholic cemetery on the coastal road between Pamandzi and Dzaoudzi, this is where in September 2021 I photographed a tomb surrounded by cinder blocks, a photo published in the magazine Play>Urban-Mayotte and on my Instagram. I didn't find this grave on the spot, but there are other breeze-block tombs, but the one I was looking for was nowhere to be found. I take long photographs of this fascinating place. It's only on my return that, looking again at the image from 2021, I manage to identify the tomb, which in the meantime has been completed. Now identical to the one on this plot - I couldn't make it out on the spot - here it is, whitewashed and adorned with a Catholic cross.







régulièrement le matin avant que la journée commence, attablé à la terrasse de la Brioche de Kipé (filiale guinéenne de la Brioche Dorée) je regarde l’activité d’une grande rue de Conakry, il y a les voitures, de toutes sortes, mais surtout les passants et les taxis moto, leurs pilotes casqués ou non, leurs passagers, un, deux, parfois trois et les objets qu’ils transportent. Je dessine ce qui passe devant moi à des vitesses plus ou moins grandes, les dessins ne disent rien de la vitesse du sujet, le trait est égal que ce soit un passant lent ou un motocycliste pressé. Ce sont les têtes qui m’intéressent et surtout ce qui les couvrent, la variété me fascine, le carnet se remplit, une parenthèse idéale est là, y revenir se poser chaque matin, comme une bulle apaisante au milieu du tumulte.

















La Ingold
Intéressé par les « Bibliothèques de rue » organisées par la JEEP au Neuhof, François Duconseille y développe avec cette association ainsi que la RESU et l’AGATE un projet autour du livre. L’idée est de raconter l’histoire d’un immeuble où vivent une quarantaine de familles. Au fil des rencontres avec les habitants, des souvenirs et anecdotes partagés, un recueil se constitue. Ecrits, dessins, photos glanés ça et là, sont mis en page. Au final et avant d’être déposé à la Médiathèque du quartier, le livre sera projeté et mis en jeu sur la façade de La Ingold, tour en attente de transformation urbaine. Pour cet événement, le livre et ses développements spectaculaires seront le prétexte à produire de nouvelles rencontres entre vie sociale et espaces intimes.
Partenaires
JEEP Neuhof + La RESU + AGATE + Espace Django + CUS Habitat + CSC Neuhof
Participants
Habitants du 8 rue Ingold (Neuhof)
Équipe artistique
François Duconseille + Chloé Boulestreau, étudiante de la HEAR
URBAN SCÉNOS PORT-AU-PRINCE 2015
URBAN SCÉNOS ST-DENIS (LA RÉUNION) 2013
François Duconseille / Livre De Pierre / St Denis de la Réunion 2013 from Urban Scénos on Vimeo.






with ScU2
ScU2 / Allez voir l’ange / St Denis 2013 from Urban Scénos on Vimeo.


















URBAN SCÉNOS LABELLEVIRTUELLE 2010
playing with John Clang


UN NICHOIR À KINSHASA

Francois Duconseille souhaitait dans un premier temps réaliser un panneau publicitaire qui soit dans un même temps un « nichoir » à Shegues (enfants des rues). Le panneau était muni d’une échelle de corde, d’un trou dans sa facade et d’une plateforme à l’arrière, permettant aux enfants des rues de s’y nicher. Le projet s’est mis en route, intéressant la société Marsavco. François a alors réflechi sur l’image à présenter, et a choisi de proposer à Sapin, peintre populaire de faire l’image (une vraie image publicitaire). Marsavco a finalement refusé de financer le projet. // François Duconseille wanted first to realize a advertising panel which would be at the same time a « niche » for shegues (children from the streets). The panel was provided with a rope ladder, a hole in the facade and a platform behind, allowing the kids to stay there. The project started, Marsavco society was interested. Francois started to think about the image to present and proposed Sapin, a popular painter to realise the image ( a real advertising picture). Marsavco finally refused to fund the project.


Le projet consiste à créer un nichoir à enfants des rues dans un panneau publicitaire installé dans le quartier de Lingwala à Kinshasa. Derrière l’image ventant les mérite d’un produit miracle, une plateforme abritée par un toit de tôle propose un abri, un espace de repos dégagé de la rue et hors de portée des adultes. Les enfants y accèdent par un orifice circulaire étroit relié au sol par une corde à nœuds. La réalisation du nichoir est financée par la vente de l’espace publicitaire. L’image publicitaire est conçue et réalisée par un ou une équipe de jeune graphistes.


DESCRIPTIF TECHNIQUE
- La structure est en madriers de bois pour les poteaux et les supports de la plateforme.
- Le panneau publicitaire est en contreplaqué enduit, l’image publicitaire est peinte sur la face avant
- La plateforme est en lattes de bois légèrement ajourées
- Le toit est en tôle ondulée
- Les pieds sont fixés au sol par dans des lests de béton
- Le trou ménagé dans le panneau de l’image ne peut laisser passer qu’un enfant
- Une corde à nœud est fixée dans l’ouverture et permet d’accéder à l’ouverture
PROCESSUS DE PRODUCTION
- recherche d’un sponsor (de préférence une entreprise d’alimentation)
- concours d’idée pour la conception de l’image (jeunes artistes – étudiants de l’ABA)
- choix de l’image par un jury (sponsor, enseignants de l’ABA, organisateurs scéno)
- financement de la réalisation (construction + conception et réalisation de l’image) par la vente de l’espace publicitaire
- peinture du panneau publicitaire
- construction et installation
- inauguration



MUNDELE MUNDELE
un peintre populaire blanc à Lingwala
François a commencé à circuler dans le quartier avec un seau de peinture, une tenue de peintre, des badges autour du cou. Il proposait aux gens de leur peindre un « mundele » ( ce qui veut dire blanc en Lingala, à Kin, dès qu’un blanc circule, il est interpellé « mundele, mundele ! ») sur les murs de leur parcelle, stand, etc. Aucune transaction d’argent, juste un échange. Et du dialogue. // Francois then started to walk inside the area with a seal of painting, and a costume of painter, badges around his neck. He was proposing people to paint a « mundele » (it means white in Lingala and in Kin at the moment a white person is circulating, people call out « mundele, mundele ! ») on the walls of theirs parcels, stands, etc. No money transaction, just an exchange. And dialog.


Les premières formes ont été peintes dans l’enceinte de l’académie des Beaux-arts, une façon de tester le projet en un lieu protégé avant de m’exposer dans le quartier. Mais très vite, dès ma sortie de ce territoire, le projet s’est transformé d’une façon inattendue. Il ne s’agissait plus alors de travailler secrètement mais d’affirmer ma présence, mon action et d’intégrer la relation à la population dans le travail. Mes premiers interlocuteurs furent les enfants, omniprésents à toutes heures dans le quartier, je les intriguais, distrayais, on parlait beaucoup pendant que je réalisais les peintures. Chaque rencontre donnait lieu à une série de photos avec eux, devant ce qui devenait un décor pour leurs poses « héroïques »










quelques années plus tard, ce que les ‘Mundele’ sont devenus













Francois Duconseille a envisagé de multiples projets, notamment autour du pont en construction, enjambant le canal, dont le tablier était alors posé à proximité. Toutes les propositions ont été refusées, de façon assez mystérieuses. François a alors réalisé un performance qui consistait à courir dans le quartier avec un panneau montrant une main de fatima faite avec des postits. Quant aux projets, ils sont devenus des cartes postales.





François Duconseille, en accord avec les propriétaires des maisons sur lesquelles il intervenait, a réalisé des images faites à partir de postits, fonctionnant comme des pixels. Une bible, un ananas et une rose. Les postits, une fois installés vibrent au vent, puis finissent par se détacher.
Voir aussi dans Hervé Yamguen : La cour de mon père, le projet de François et Aser Kash.



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