Beatriz Santiago Muñoz

Beatriz Santiago Muñoz est née à San Juan (Porto Rico), où elle vit et travaille en tant qu’artiste réalisatrice de films et de vidéos. Son style non scénarisé et d’observation s’apparente à la sensibilité du film documentaire, tout en brouillant les frontières entre fiction et réalité. Beatriz Santiago Muñoz élabore un travail de recherche, d’observation et de documentation intensif qui interroge la tension entre le désir de vérité du documentariste et les préoccupations esthétiques de l’artiste. En collaborant avec des non-actrices, des non-acteurs et en favorisant l’improvisation, elle explore l’artifice, l’authenticité et la narration. Beatriz Santiago Muñoz invite les participantes et participants de ses œuvres à rejouer, et ainsi à vivre personnellement des événements issus de la culture populaire, de l’histoire ou de la mythologie autochtone. Ces actrices et acteurs transcendent alors les limites de leurs propres identités et réalités, suggérant la possibilité d’une transformation sociale et politique des récits réels ou fictifs. Son travail sur l’image animée élargie s’entremêle avec Le Théâtre de l’Opprimé, le cinéma élargi et les pratiques féministes. Ses œuvres récentes portent sur l’inconscient sensoriel des mouvements anticolonialistes, avec une réflexion poétique quotidienne et des expériences féministes autour du langage et du récit. Parmi ses expositions personnelles récentes, citons : Oriana à PIVO, São Paulo et Argos à Bruxelles, la 34e Biennale de São Paulo, la Biennale Momenta à Montréal.

Beatriz Santiago Muñoz was born in San Juan, Puerto Rico, where she lives and works as a film and video artist. Her unscripted, observational style is reminiscent of documentary filmmaking, while blurring the boundaries between fiction and reality. Beatriz Santiago Muñoz develops intensive research, observation and documentation work that questions the tension between the documentary filmmaker's desire for truth and the artist's aesthetic concerns. By collaborating with non-actors and encouraging improvisation, she explores artifice, authenticity and storytelling. Beatriz Santiago Muñoz invites the participants in her works to re-enact, and thus personally experience, events from popular culture, history or indigenous mythology. These actors transcend the limits of their own identities and realities, suggesting the possibility of social and political transformation through real or fictional narratives. Finally, her expanded moving image work is entangled with The Theatre of the Oppressed, expanded cinema and feminist practices. Her recent projects articulate the sensorial unconscious of anti-colonial movements, with everyday poetic thought and feminist experiments with language and narrative. Recent solo exhibitions include: Oriana in PIVO, Sao Paulo and Argos in Brussels, the 34th Sao Paulo Biennial, the Momenta Biennale in Montreal.

PARIS DES VI(LL)ES 2025

Cinéaste expérimentale avant tout, Beatriz Santiago Muñoz s’est tournée vers le dessin lorsque la caméra lui a semblé insuffisante. Ainsi, lors de sa résidence au cours du mois de septembre à Paris, l’artiste a exploré la ville à travers le dessin, comme une façon de penser travelling ; observant ses plantes, ses animaux, ses écritures, ses habitantes et habitants avec une attention visuelle et diaristique.

Beatriz Santiago Muñoz s’est mise à dessiner tous les jours, commençant par un palmier des Bermudes au Jardin des Plantes, le seul à avoir survécu à une coupure de chauffage en 1945. Elle a ensuite dessiné des corbeaux, signes d’une intelligence autre que celle des humains, qui modifient notre manière de percevoir un lieu. Peut-être cela traduit-il aussi le manque des animaux qui peuplent son paysage caribéen natal, une « quasi-ville » qui semble elle-même en train de se recomposer librement.

À l’Institut du Monde Arabe, une écriture kufique du VIIIe siècle lui a semblé être un glyphe venu du futur, une étrangeté d’un autre temps. À proximité, elle remarque les tentes enveloppées de bâches bleues, abris précaires pour celles et ceux qui vivent dans un état de suspension. Ces bâches qui représentent une technologie bon marché du mouvement rapide, du temps suspendu. Mais ce bleu-là lui évoque également les catastrophes climatiques : une couleur associée au déplacement, à l’instabilité, à l’entre-deux.

Ses réflexions ont été nourries par la lecture de De l’hospitalité de Jacques Derrida, du journal de voyage parisien de Horacio Quiroga, et d’autres textes autour de l’étrangeté et de l’hospitalité à Paris. Enfin, ces pensées, sur le lieu, l’altérité et les états intermédiaires, habitent les lignes et les gestes de chaque image.

Primarily an experimental filmmaker, Beatriz Santiago Muñoz turned to drawing when the camera seemed insufficient to her. Thus, during her residency in Paris in September, she explored the city through drawing as a way of travelling thinking; observing its plants, animals, writings, and inhabitants with a visual and diaristic attention.
Santiago Muñoz began drawing every day, starting with a Bermuda palm at the Jardin des Plantes, the only one to have survived a heating outage in 1945. She moved on to drawing crows, signs of an intelligence different-from-the-human, which alter our way of perceiving a place. Perhaps this also reflects the absence of animals that populate her native Caribbean landscape, a “quasi-city” that itself seems to be freely reassembling.
At the Institut du Monde Arabe, an 8th-century Kufic script appeared to her as a glyph from the future, a strangeness from another time. Nearby, she noticed tents covered with blue tarps, makeshift shelters for those living in a state of suspension. These tarps represent a low-cost technology of rapid movement, of suspended time. But this blue also evokes her climate disasters: a color associated with displacement, instability, and the in-between.
Her reflections were nourished by reading Of Hospitality by Jacques Derrida, the Paris travel journal of Horacio Quiroga, and other texts around strangeness and hospitality in Paris. These thoughts, on place, otherness, and intermediate states, inhabit the lines and gestures of each image.

URBAN SCÉNOS PORT-AU-PRINCE 2015

Marché Salomon

Un film, une série de longs plans enchainés, qui suivent trois acteurs à travers le marché. Tout au long de cette déambulation, un acteur parle de la valeur pratiques des biens : cout, contenu nutritionnel, disponibilité, un autre parle de la valeur symbolique des choses ; le troisième, lui, arrive à la fin et parle de l’image du marché, de la présence de la caméra, du fait de voir, d’être vu, de s’imaginer être vu. Tout au long du film, les acteurs jouent avec différentes formes de discours : absurde, poétique, théâtral, didactique.

Le film a été projeté sur la Place Carl Brouard à proximité du marché ainsi qu’à Yanvalou.

un film de Catherine Boskowitz